Méthode :
Pour une recherche plus détaillée ou pour d'autres pays concernés, la carte interactive de Langscape permet de visualiser n'importe quel endroit sur le globe et de voir quelles langues y sont parlées comme langues maternelles. En cliquant sur le nom d'une langue, on peut voir des informations sur la langue et ses locuteurs.
Complément : Pour les langues "rares" vous pouvez télécharger des fiches explicatives
Sur le site du CNRS LGIDF (http://lgidf.cnrs.fr/fiches-langues) des fichiers PDF de 4 pages, imprimables, présentant une langue, ses caractéristiques externes, et quelques propriétés phonologiques et grammaticales saillantes, dans une optique contrastive Langue > Français.
Les langues africaines : un tiers des langues parlées dans le monde⚓
Les familles linguistiques
Avec plus de deux mille langues (sur les six mille recensées sur terre), l'Afrique (Afrique du Nord comprise) offre une variété linguistique impressionnante. Certains spécialistes admettent néanmoins quatre grandes familles. Cette classification, proposée dans les années soixante par le linguiste américain Joseph Greenberg[*], est fondée sur la comparaison d'un petit nombre de mots dans un grand nombre de langues, et ne peut être considérée comme définitive. Elle distingue :
les langues khoisans parlées dans le sud de l'Afrique (Mozambique, Botswana, Afrique du Sud...)
les langues Niger-Congo, qui couvrent toute l'Afrique centrale et une partie de l'ouest du continent jusqu'au Sénégal (parmi elles, les langues bantoues, tel le swahili) ;
les langues nilo-sahariennes, parlées le long du Nil (au Soudan ou au Tchad) ;
les langues afro-asiatiques, parlées au nord et à l'est du continent (au Maghreb, au Soudan, en Égypte, en Éthiopie ou en Érythrée).
Langues des principaux pays africains dont les migrants sont originaires
Langues des pays subsahariens
Le nombre de locuteurs de ces langues est variable : à côté de langues majeures parlées par des dizaines de millions de personnes, on en connaît des petites ne comportant que quelques centaines de locuteurs. Certaines, le wolof, sont uniques (sans variétés dialectales). D'autres se subdivisent en de nombreux dialectes, soit à l'intérieur d'un même pays comme pour le bété de Côte d'Ivoire ou sur plusieurs états, comme le sénoufo qui se décline en 80 dialectes en Côte d'Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, au Ghana. Les Africains parlent souvent plusieurs langues :
en famille on utilise la langue première ou maternelle ;
au marché ou en ville, une langue seconde ou véhiculaire sert aux échanges entre groupes linguistiques différents.
Les États africains ont fait choix d'une ou plusieurs langues nationales utilisées dans l'enseignement et les médias. Un lycéen d'Afrique de l'Ouest peut ainsi avoir connaissance de 4 ou 5 langues.
Langues de la Guinée
La langue officielle de la République de Guinée est le français. Il s'agit de la langue de l'État et des institutions officielles. Les langues nationales sont le malinké (ou maninka), le soussou, le peul (ou poular) le kissi, le guerzé (ou kpelle) et le toma. Il existe en plus une vingtaine d'autres langues. Le français est parlé par 15 à 25 % de la population. À la fin du régime de Ahmed Sékou Touré, le français est redevenu la langue unique d'enseignement à l'école. La situation de la Guinée se caractérise par des relations conflictuelles entre les trois principaux groupes ethniques, qui dominent chacun dans une région particulière : les Soussou, les Peuls et les Malinkés. Depuis l'indépendance, la vie politique de la Guinée tourne entièrement autour de ce conflit. La période Sékou Touré était celle de la domination des Malinkés, et depuis, à chaque élection nationale, les questions de programme politique sont très clairement secondaires par rapport à l'appartenance ethnique des candidats, chaque groupe ethnique soupçonnant les autres d'avoir pour seul but de profiter des élections pour asseoir leur hégémonie. En ce qui concerne la question des langues, la conséquence évidente de cette situation est que la Guinée a trois langues régionales importantes mais dont aucune ne peut prétendre à jouer au niveau du pays tout entier un rôle comparable par exemple à celui que jouent le wolof au Sénégal ou le bambara au Mali.
Langues de la Côte d'Ivoire
Le français est la langue officielle de la Côte d'Ivoire. Elle y est la langue d'enseignement et 34 % des habitants du pays la comprennent, dont 69 % des habitants de la plus grande ville du pays Abidjan. Les langues d'origine africaines en Côte d'Ivoire appartiennent à quatre principaux groupes linguistiques :
Akan et Krou dans le sud du pays,
Mandé dans le nord ; il y a 66 langues indigènes et un total de 112 langues.
Le dioula (langue mandingue) est la principale langue utilisée pour le commerce. Cette langue est extrêmement proche du malinké.
Sur le plan linguistique, la Côte d'Ivoire connaît une situation qui ne ressemble à celle d'aucun autre pays ouest-africain, avec une très forte tendance du français à concurrencer fortement les langues autochtones jusque dans des situations où, dans les autres pays, la concurrence du français ne se fait pas sentir de manière notable. Il y a notamment de plus en plus d'enfants ivoiriens, y compris dans les milieux populaires et dans les petites villes en zone rurale, qui ont pour première langue le français (ou une variété plus ou moins pidginisée[*] de français), et qui ne maîtrisent bien, ni la langue traditionnelle de leur groupe ethnique, ni aucune autre langue locale. Ce phénomène s'observe dans des pays comme le Gabon ou le Cameroun, mais en Afrique de l'ouest il est très marginal, sauf précisément en Côte d'Ivoire. En Côte d'Ivoire, même les langues les plus importantes numériquement tendent à n'être utilisées que dans des situations de la vie quotidienne, et par des personnes qui se connaissent comme appartenant à une même communauté. Même pour les ethnies les plus importantes, il y a une proportion significative (et qui va en augmentant) de personnes qui ne maîtrisent bien ni la langue de leur ethnie, ni aucune autre langue africaine. Il y a bien sûr sur tous ces points des variations importantes selon les régions et les ethnies, mais de manière générale les ethnies minoritaires du sud sont les plus touchées par cette évolution.
Langues du Nigeria
Le Nigeria est un géant de 120 millions d'habitants répartis sur 924 000 km2 où l'on parle 478 langues. C'est avec la Nouvelle Guinée la zone du monde où la densité des langues parlées est la plus importante. A cette densité correspond une grande variété dans le statut historique, typologique et sociolinguistique de ces centaines de langues, diversité de statut qui correspond à la diversité culturelle, religieuse des populations, et à la diversité des écosystèmes. Le Nigeria présente tous les climats et toutes les cultures, depuis la forêt humide de la zone tropicale au sud jusqu'à la zone sahélienne au nord où transhument les grands troupeaux des pasteurs. L'anglais, uniquement langue seconde au Nigeria, est la langue officielle héritée de la colonisation britannique. C'est la langue de l'administration et de l'enseignement dans l'ensemble du pays . Les autres langues majeures sont le haoussa, l'igbo et le yorouba. Elles sont enseignées dans le système scolaire, où chaque élève doit en apprendre au moins une. 27 autres langues ont le statut de langues mineures et l'enseignement primaire débute avec une de celles-ci. À noter que comme dans les autres pays subsahariens, dans les écoles coraniques, l'arabe classique est obligatoire.
Le cas de l'arabe et de la mosaïque linguistique de la Syrie⚓
La carte ci-contre illustre la répartition géographique des langues en Syrie. Il est facile de constater que c'est la langue arabe qui domine dans une grande partie du territoire syrien. L'arabe est surtout parlé dans les grandes villes (Damas, Homs, Hama, Idlib et Alep), ainsi que dans l'ouest, le Nord et le long de l'Euphrate.
Toute la partie centre-sud du pays est couverte du désert de Syrie, une zone d'environ 520 000 km². La majorité des arabophones sont des Arabes syriens (68 %). Ils parlent l'arabe levantin du Nord, un arabe syro-libanais basé sur la langue parlée à Damas, ainsi qu'à la radio et la télévision syrienne. Si plusieurs variétés d'arabes sont parlées en Syrie, l'intercompréhension est relativement aisée et l'arabe leventin du Nord sert de langue véhiculaire.
Parmi les autres langues arabes, mentionnons:
l'arabe nadji (7,1 %) utilisé dans le désert syrien,
l'arabe mésopotamien du Nord,
l'arabe irakien (0,2 %),
l'arabe égyptien (0,8 %),
l'arabe jordanien,
l'arabe libanais, etc.
Population syrienne non arabophone
Les Kurdes (8 %): une population d'origine et de langue indo-européennes, présente dans le Nord de la Syrie et de l'Irak.
Les Turcomans: une population d'origine et de langue turques, présente en Syrie et en Irak. Sa présence est liée à des politiques de déplacements de populations de l'Empire Ottoman
Les Tcherkesses : une population d'origine et de langue caucasiennes. Présente en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Irak descendants de l'armée Ottomane qui recrutait beaucoup dans le Caucase.
Les Arméniens et chrétiens de Turquie : réfugiés au Liban, en Syrie et en Irak suite au génocide de 1915.
Langues des principaux pays asiatiques dont les migrants sont originaires⚓
L'Afghanistan
Deux langues officielles : le pashtou et le dari
Le pashtou et le dari sont, en principe, les deux langues officielles de l'Afghanistan. En Afghanistan, tous les groupes ethniques constituent des minorités linguistiques du point de vue strictement numérique.
Dans les faits, ceux qui parlent le pashtou ou le dari font partie des groupes traditionnellement dominants, mais depuis le régime des talibans le pashtou a gravi des échelons dans la hiérarchie des langues. On compte autant, sinon davantage, de langues que d'ethnies en Afghanistan. La plupart des langues de ce pays (pashtou, dari, hazara, aïmak, nuristani, baloutchi, etc.) appartiennent au groupe indo-iranien (famille indo-européenne) et sont répartis sur les deux tiers de la superficie du pays, mais surtout au sud (voir la carte ethnolinguistique).
Quelques autres langues, telles que le turkmène (tout au nord), le kirghiz (tout au sud-ouest), le kazakh, l'ouïgour et le karakalpak, font partie de la famille altaïque et sont concentrés davantage au nord.
Il ne reste que deux langues dans tout le pays n'appartenant à aucune de ces deux familles :
le brahui (200 000 locuteurs dans le Sud-Ouest) de la famille dravidienne
l'arabe (5 000 locuteurs disséminés dans quelques villages de la province de Takhar, au nord-est) de la famille chamito-sémique.
La Turquie
On dénombre près d'une quarantaine de langues en Turquie, réparties en quelques familles linguistiques, dont surtout les familles altaïque et indo-européenne (langues indo-iraniennes). Plus de 74 % de la population du pays parle le turc (incluant le turc de Crimée), une langue de la famille altaïque.
Le pays compte plusieurs autres langues altaïques telles que l'azéri, le kirghiz, le tatar, l'ouzbek, le turkmène, etc., ainsi que des minorités parlant des langues indo-européennes telles que le grec, l'arménien, le bulgare, l'albanais, le pashtou, etc., ou encore une langue caucasienne comme le géorgien et le tchétchène. On trouve aussi des minorités arabophones (Levantins et Assyriens), chinoise, hongroise, etc.
Origines ethniques | Langue maternelle | Affiliation linguistique | Population (%) |
---|---|---|---|
Turcs | turc | Famille altaïque | 66.7 |
Kurdes kourmanji | Kurde kourmanji | Langue indo-iranienne | 18.2 |
Tatars de Crimée | Turc de Crimée | Famille altaïque | 7.2 |
Comme on aura pu le constater, la plus importante minorité de la Turquie reste la communauté kurde (avec 13 millions de locuteurs) du groupe indo-iranien appartenant à la famille indo-européenne. On distingue des Kurdes kourmanji, des Kurdes dimli et des Kurdes kirmanjki, ce qui implique des variantes linguistiques de cette langue.
Le turc (en turc Türkçe ou Türk Dili) appartient à la famille des langues turques, considérée souvent comme une sous-classe des langues altaïques comme les langues mongoles d'où le terme aussi utilisé de langue turco-mongole. Bien que les langues d'autres pays turcophones (principalement des républiques de l'ancienne URSS[*]) soient proches du turc (surtout l'azéri et le turkmène), il existe tout de même d'importantes différences entre ces langues, qu'elles soient d'ordre phonologique, grammatical ou lexical. Outre la Turquie elle-même, le turc est utilisé dans l'ancien territoire de l'Empire ottoman par des populations d'origine turque ou des populations islamisées, qui ont adopté cette langue. Ces turcophones sont nombreux en Bulgarie, en Grèce (concentré en Thrace occidentale), en République turque de Chypre du Nord, dans le nord de l'Irak (surtout à Kirkouk), en Macédoine, au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine, en Roumanie. C'est pourquoi, le turc de Turquie est aussi nommé « turc ottoman » (Osmanlı Türkçesi).
Tous pays confondus, il existe plus de 80 millions de locuteurs dans la région dont 70 millions en Turquie
Le Pakistan
Les langues au Pakistan sont diverses et l'objet de nombreuses problématiques. Le Pakistan a pour langues officielles l'ourdou et l'anglais. L'ourdou est une langue véhiculaire comprise par une grande partie la population (environ 80 %), mais a seulement 8 % de locuteurs natifs. Son importance trouve son origine dans la création du pays et dans la volonté de trouver une langue neutre vis-à-vis des langues régionales. L'anglais est parlé en langue seconde par environ 5 % de la population, et quelque 100 000 en langue maternelle. Les langues maternelles les plus répandues dans le pays sont pourtant différentes des deux langues officielles, dans le contexte d'une implantation locale forte et d'identités régionales. Chacune d'entre elles sont liées à une province :
le pendjabi (parlé par 44 % de la population),
le pachto (15 %),
le sindhi (14 %),
le seraiki (10 %)
le baloutche (4 %).
L'ourdou compte beaucoup plus de locuteurs en Inde qu'au Pakistan. Il existe aussi une importante diaspora ourdouphone (Maurice, Guyana, Surinam, Trinidad et Tobago, Singapour, Royaume Uni, Etats-Unis, Nouvelle Zélande, Afrique du Sud, Allemagne). L'ourdou appartient — avec le bengali, le népalais, le hindi, le marathi — à la branche indo-aryenne de la famille indo-européenne, mais s'écrit, aujourd'hui exclusivement, dans l'alphabet arabe à caractères modifiés. La syntaxe et le lexique fondamental sont communs à ceux du hindi, mais du fait que la langue s'est culturellement identifiée à la culture musulmane depuis la domination de dynasties turco-mongoles sur le sous-continent, elle privilégie le vocabulaire persan et arabe, particulièrement dans les contextes et genres spécialisés. Mais dans la conversation, l'intercompréhension avec le hindi est totale, et on parle souvent d'hindoustani pour désigner cette langue commune (celle du cinéma dit Bollywood[*]). L'ourdou s'écrit de droite à gauche en caractères arabes modifiés, un petit signe supplémentaire transcrivant les consonnes rétroflexes[*]. La plupart des ourdouphones pratiquant aussi l'anglais à un degré variable, ils peuvent aussi être sujets à des interférences de l'anglais.
Langues européennes⚓
Langues d'Ukraine
L'ukrainien est la langue officielle de l'Ukraine mais 13 autres langues minoritaires sont reconnues, dont le russe qui domine à l'est du pays et à Odessa et qui est compris par la plupart des Ukrainiens. Le fait que la plupart des Ukrainiens parlent le russe couramment est principalement la conséquence de l'intégration jusqu'en 1991 de l'Ukraine dans l'Union soviétique. Cependant, l'ukrainien est largement dominant dans l'Ukraine de l'ouest tandis que le russe prédomine dans l'est et le sud du pays, ainsi que dans la capitale Kiev.
Chez les plus jeunes, surtout dans les grandes villes, le choix de l'anglais en seconde langue devient de plus en plus important. Dans l'ouest du pays, on trouve des minorités qui parlent le polonais, le hongrois, le biélorusse, le roumain, le grec, le yiddish, ainsi que le tchèque et le slovaque.
Déportés sous Staline après 1945, les Tatars de Crimée qui sont rentrés au pays, essentiellement après 1961, parlent surtout le russe.
L'albanais
La langue albanaise est une langue balkanique de la famille indo-européenne, parlée nativement par environ 8 millions de locuteurs en Albanie (4 millions), au Kosovo (2 millions), en Serbie du Sud, en Macédoine, au Monténégro et en Italie, et par une diaspora dispersée dans le monde entier. Écrite avec l'alphabet latin, la langue albanaise est divisée en deux grands dialectes :
le tosque (toskë)
le guègue (gegë).
Standardisé en 1972, l'albanais officiel est plutôt basé sur le tosque.
Prise en compte des différences linguistiques et culturelles dans l'enseignement du français⚓
La connaissance des langues et cultures d'origine des élèves allophones peut aider les enseignants et les intervenants à mieux les accompagner et comprendre les difficultés des allophones pour apprendre le français.
Il s'agira surtout de transformer les différences culturelles et linguistiques, souvent vécues comme un obstacle à la communication en une source d'enrichissement culturel réciproque. C'est dans cet esprit que s'est développée l'approche interculturelle dans l'enseignement du français
L'idée selon laquelle il faut abandonner sa langue ou ses langues d'origine pour en apprendre une nouvelle est fausse. En effet, les études montrent que l'intégration dans les sociétés d'accueil se fait d'autant plus harmonieusement que le lien est maintenu avec les langues et cultures familiales qui continuent à vivre. La compétence linguistique est une : plus on sait de langues, plus on peut apprendre de langues, plus on transfère rapidement, plus les capacités d'adaptation aux nouvelles langues sont développées. Le droit à vivre dans sa langue de cœur, celle qui exprime proximité et affection, fait partie des droits humains.
Ainsi, le Ministère de l’Éducation nationale à mis en place les enseignements de langue et de culture d'origine (ELCO[*]) mais ils ne concernent pour l'instant que certaines langues. Reconnaître, respecter et soutenir la diversité linguistique et culturelle des enfants et des familles comme première étape du vivre ensemble: Amin Maalouf[*], dans les Identités meurtrières, écrit « Plus un immigré sentira sa culture d'origine respectée, plus il s'ouvrira à la culture du pays d'accueil. Mais si celui dont j'étudie la langue ne respecte pas la mienne, parler sa langue cesse d'être un geste d'ouverture. Il devient un acte d'allégeance et de soumission ».